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Evolution des rôles de genre dans STEM

Il y a de cela bien des années (dans les années 90, en fait), j’étais une jeune femme monoparentale mère de deux (presque) jeunes filles. Je désirais les élever pour en faire de jeunes femmes fortes et confiantes qui peuvent accomplir tout ce qu’elles désirent, et ce, à l’endroit et au moment de leur choix.

Afin de devenir les femmes que je savais qu’elles pouvaient devenir, elles devaient se concentrer sur leur éducation Mission accomplie de ce côté. Elles étaient des enfants douées qui prenaient plaisir à tenter de m’impressionner avec leurs (nombreuses) questions. Il va sans dire que leurs tentatives ne manquèrent pas d’être récompensées. Elles ont donc passé beaucoup de temps à chercher à me mettre au défi. Je dois être honnête; j’ai peut-être feint l’ignorance une fois ou deux. Toutefois, en voyant comment elles étaient fières d’avoir appris quelque chose que j’ignorais (bien qu’elles l’aient démontré de façon un peu inconsidérée) je ne pouvais qu’être heureuse. Et cette méthode s’est avérée fructueuse.

Ensuite vient le moment du premier cycle de l’école secondaire. Je vous assure que je n’éprouve que du respect et de la gratitude pour les éducateurs professionnels qui étaient, et sont encore, prêts à relever les défis qui leur sont assignés. Toutefois, j’éprouve de la frustration face aux décideurs, précédents et actuels, qui n’ont pas su reconnaître l’importance de créer un curriculum qui motive et inspire les filles de la même manière que pour les garçons. Il est clair que ce ne sont pas toutes les filles qui vivent cela de la même manière; plusieurs d’entre elles se sont certainement épanouies dans leur éducation intermédiaire, et certaines se sont sûrement même dépassées.

Dans le cadre de mon travail, j’ai la merveilleuse occasion de rencontrer de vrais artisans du changement; des femmes qui travaillent dans le domaine des STIM et dans divers métiers, qui font du mentorat auprès de filles de la neuvième à la douzième année (secondaires 1 à 5). Ce type de mentorat permet aux jeunes filles de continuer à se concentrer sur les math et les sciences et assure qu’aucune porte ne soit fermée sur leurs futures carrières, et ce avant même qu’elles puissent voir ce qui se cache derrière. Qui sait ce qui se cache derrière les portes numéro 1, 2 ou 3? Et que dire des portes 4, 5 et 6? Celles-ci n’ont même pas encore été installées!

Mais mes filles, et presque toutes leurs amies, ont certainement souffert d’un manque d’inspiration au cours de leur premier cycle de l’école secondaire. J'ai donc été contente, et un peu surprise, de constater qu’un des projets en neuvième année consistait à rédiger un texte sur des femmes qui ont contribué aux connaissances scientifiques. L’enseignante qui a donné le devoir était jeune et enthousiaste et semblait déterminée à éduquer et former ces jeunes esprits. J’ai suggéré à ma fille d’effectuer des recherches sur Beatrix Potter, et ce qu’elle a appris l’a ébahi. Elle a su incorporer dans sa rédaction l’impact que les incroyables illustrations de Mme Potter ont eu sur elle, étant elle-même une illustratrice de talent. La science, du moins cette partie de la vie de Mme Potter, est soudainement devenue pertinente pour ma fille à mesure qu’elle en apprenait sur l’autre vie de Mme Potter. Si apprendre n’apprend rien tant que des connaissances ne sont pas acquises, je suis heureuse de souligner que ce projet a réellement permis à ma fille d’apprendre. Mais elle en a appris beaucoup plus que je le croyais. Une semaine ou deux après avoir remis son travail, elle est arrivée à la maison en peine. Elle était tellement fière de sa recherche, de son travail et du lien qui l’unissait avec cette collaboratrice scientifique. Du moins, jusqu’au moment où elle a reçu sa note et les commentaires sur son travail. On lui a dit, sans équivoque, que Beatrix Potter n’était qu’une auteure de livre d’enfant et qu’elle devait rédiger un texte portant sur une femme qui a vraiment contribué à la science. Je l’ai convaincu d’accepter son zéro (oui, un zéro), mais de démontrer pourquoi elle ne recommencera pas le projet. En échouant, elle a personnellement vu à l’œuvre l’androcentrisme du curriculum.

Je ne crois en aucun cas que le « système » ait été créé de façon à intentionnellement ou activement désintéresser certaines cohortes d’élèves de leur éducation. Je crois également qu’il existe des forces datant de plusieurs décennies, voire des siècles, qui perpétuent l’idée que si c’est bon pour les garçons, ça va convenir aux filles. Ces mêmes filles qui, depuis la naissance, sont entourées de poupées et de services à thé en plastique, devraient soudainement s'intéresser à des trains qui quittent une station au même moment, mais qui vont dans des directions différentes… Vous comprenez.

Je réfléchis souvent à mon propre apprentissage par l’entremise des expériences de mes enfants. Je présume que ce sont des expériences comme celle mentionnée précédemment qui m’ont poussé dans la carrière que j’occupe en ce moment. Techsploration est un organisme de la Nouvelle-Écosse qui se voue à inciter les filles de la neuvième à la douzième année à s’intéresser aux domaines des STIM et des métiers, et qui a comme mandat de les encourager à s’axer sur les math et les sciences. Ce petit, mais incroyablement redoutable organisme entre directement en contact avec 3 500 élèves par année au cours d’environ 50 évènements annuels, et ce depuis plus de 20 ans. Depuis nos débuts, nous remarquons chaque année l’incidence qu’a Techsploration. Et chaque année, les commentaires que nous recevons sont follement similaires. Les filles continuent de nous dire qu’elles ont appris — vraiment appris — que même si elles savent qu’elles feront face à des défis, elles ont au moins le droit d’entreprendre la carrière qu’elles désirent. C’est une bonne nouvelle pour nous; nous réussissons. Les filles et les femmes ont une réelle incidence dans le monde de la science et des technologies. Mais pourquoi ce fait n’est-il pas acquis chez les filles et les garçons, chez les femmes et les hommes?

Peut-être qu’en tant que communauté de diffusion, nous pouvons offrir notre aide aux décideurs lorsqu’ils visent à créer des programmes d’éducation qui intéressent tous les élèves. Nous pouvons peut-être offrir notre appui à ces décideurs pour rebuter les critiques qu’ils recevront sûrement.

Bien que j’aie bon espoir que notre système d’éducation s’équilibre, je ne doute pas que l’on qualifiera mes petites-filles de féministes militantes lorsqu’elles poseront des questions sur l’apport des femmes dans le domaine des STIM. Toutefois, si mes petites-filles ressentent le besoin de poser la question, j’espère qu’elles le feront dès le primaire.

Si deux professeures appliquent le même rouge à lèvres en même temps, que chacune a enseigné devant une grande classe pendant 45 minutes et qu’elles ont chacune bu 17 gorgées d’eau dans une bouteille provenant de la même compagnie, comment se fait-il que le rouge à lèvres d’une professeure ait disparu après 27 minutes tandis que le rouge à lèvres de l’autre professeure est demeuré intact pendant 43 minutes?

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